Une maison
qui fait 100 km par jour.
Nous
sommes de plus en plus
nombreux à nous préoccuper du changement climatique, de
la pollution et plus généralement de la
pression écologique et sociale qu’impose à tous un mode de vie vorace en ressource. La
consommation à outrance, c’est fini !
Vivent les produits bruts et locaux, les déplacements en vélo, le
train, le
covoiturage. Malheureusement il y a une ombre au tableau, une
traitresse qui
s’emploie à ruiner nos efforts. En douce, sans rien dire, elle continue
à
tourner à plein gaz jour et nuit. Ce coupable, c’est notre habitation
elle-même !
Une
maison lambda, classiquement
peu performante d’un point de vue thermique, peut facilement rejeter en
un an 4,5
tonnes de CO2 dans l’atmosphère, soit autant qu’une voiture
moyenne
parcourant 100 km tous les jours de l’année ! (1)
Pourtant,
le rejet annuel de CO2
de 7 milliards de terriens ne devrait pas dépasser 1,6 tonne par
personne pour
rester dans les limites de ce que peut absorber la biosphère. Pour un
foyer de
4 personnes, cette maison classiquement mal isolée accapare ainsi à
elle seule les
trois-quarts de cette limite. Celle-ci se trouve allègrement dépassée
en y
ajoutant les émissions CO2 des autres activités (se nourrir,
s’habiller, se déplacer…). Au bilan, nos rejets de gaz à effet de serre
sont en
moyenne en France 4 fois trop importants.
Un système en
voie d’effondrement.
Assumer
sa responsabilité de
citoyen et tout particulièrement de propriétaire de son logement, c’est
prendre
conscience de la violence de son impact sur la planète et agir en
conséquence.
C’est également être au clair sur l’influence inverse, celle qu’exerce
le
système écologique sur ses propres conditions matérielles de vie.
Or
ce système est, selon de
nombreux spécialistes, en crise ou en passe de l’être sur à peu près
tous les
plans. Le plus connu est le changement climatique. On parle moins, à
dessein,
de la déplétion des ressources pétrolières, qui va conduire à une crise
énergétique probablement avant 2020 (peut-être avant 2015) (2). Une
déferlante
de technologies vertes et numériques pourrait-elle préserver notre mode
de
vie ? Peut-être, si ces appareils n’étaient pas dépendants de
ressources
métalliques et minières en voie d’épuisement et donc à l’extraction de
plus en
plus couteuse en énergie (3). Chaque problème pris isolément pourrait
être
surmontable. Mais leurs imbrications mutuelles conduisent à des
évolutions non
linéaires et permettent de prévoir, selon les modélisations du Club de
Rome de
1972 étonnement fiables puisque confirmées en 2012, à un effondrement
du
système mondial actuel avant 2030. L’effondrement caractérise une
société qui
devient de moins en moins capable de satisfaire les besoins
élémentaires de sa
population. Certains pays y sont déjà.
Au
jeu de l’interdépendance
entre sa cellule de vie et le système environnant, ces perspectives à
peine
croyables susciteront au choix la mobilisation générale ou le déni.
Alors pourquoi
rénover ?
Dans
ce contexte les raisons ne
manquent pas de transformer dès maintenant nos habitations en un espace
sobre
en énergie : Limiter ses rejets de
CO2, ralentir le changement climatique, renforcer sa
résilience et
celle du collectif face au choc énergétique, contribuer à rendre ce
choc moins
violent, faire preuve d’équité vis-à-vis des générations futures en
leur
laissant de l’énergie fossile, acquérir des compétences utiles dans un
monde en
sevrage énergétique, faire des économies sur la facture, améliorer le
confort
(une maison bien isolée est aussi une maison plus confortable), et
enfin
préserver la valeur de son bien face à la concurrence des constructions
neuves
au standard BBC.
Sans forcement se jeter tête baissée dans un projet
de rénovation lourde, chacun devrait au moins étudier sérieusement la
faisabilité technique et l’intérêt écologique et économique de
différents
scénarios comparativement au statut quo, lui-même non exempt de coûts.
Cette
démarche permet de mettre son habitation sur la meilleure route pour
l’avenir,
en toute connaissance de cause.
Eric
MUSCAT
1) Maison
chauffée au gaz - 120 m2 – consommation
de 22 000 kWh/an. Gaz: 206 g de CO2/kWh. Voiture émettant 124 g de
CO2/Km.
( 2)
Voir les
présentations de 2013 de Jean Laherrère sur
www.aspofrance.org
(3)
Livre de
Philippe Bihouix : Quel futur
pour les métaux ?, 2010.
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