24/01/2014

Désintox’ énergétique : Ma maison est-elle concernée ?

Une maison qui fait 100 km par jour.
Nous sommes de plus en plus nombreux à nous préoccuper du changement climatique, de  la pollution et plus généralement de la pression écologique et sociale qu’impose à tous un mode de vie  vorace en ressource.  La consommation à outrance, c’est fini ! Vivent les produits bruts et locaux, les déplacements en vélo, le train, le covoiturage. Malheureusement il y a une ombre au tableau, une traitresse qui s’emploie à ruiner nos efforts. En douce, sans rien dire, elle continue à tourner à plein gaz jour et nuit. Ce coupable, c’est notre habitation elle-même !
Une maison lambda, classiquement peu performante d’un point de vue thermique, peut facilement rejeter en un an 4,5 tonnes de CO2 dans l’atmosphère, soit autant qu’une voiture moyenne parcourant 100 km tous les jours de l’année ! (1)
Pourtant, le rejet annuel de CO2 de 7 milliards de terriens ne devrait pas dépasser 1,6 tonne par personne pour rester dans les limites de ce que peut absorber la biosphère. Pour un foyer de 4 personnes, cette maison classiquement mal isolée accapare ainsi à elle seule les trois-quarts de cette limite. Celle-ci se trouve allègrement dépassée en y ajoutant les émissions CO2 des autres activités (se nourrir, s’habiller, se déplacer…). Au bilan, nos rejets de gaz à effet de serre sont en moyenne en France 4 fois trop importants.

    
Un système en voie d’effondrement.
Assumer sa responsabilité de citoyen et tout particulièrement de propriétaire de son logement, c’est prendre conscience de la violence de son impact sur la planète et agir en conséquence. C’est également être au clair sur l’influence inverse, celle qu’exerce le système écologique sur ses propres conditions matérielles de vie.
Or ce système est, selon de nombreux spécialistes, en crise ou en passe de l’être sur à peu près tous les plans. Le plus connu est le changement climatique. On parle moins, à dessein, de la déplétion des ressources pétrolières, qui va conduire à une crise énergétique probablement avant 2020 (peut-être avant 2015) (2). Une déferlante de technologies vertes et numériques pourrait-elle préserver notre mode de vie ? Peut-être, si ces appareils n’étaient pas dépendants de ressources métalliques et minières en voie d’épuisement et donc à l’extraction de plus en plus couteuse en énergie (3). Chaque problème pris isolément pourrait être surmontable. Mais leurs imbrications mutuelles conduisent à des évolutions non linéaires et permettent de prévoir, selon les modélisations du Club de Rome de 1972 étonnement fiables puisque confirmées en 2012, à un effondrement du système mondial actuel avant 2030. L’effondrement caractérise une société qui devient de moins en moins capable de satisfaire les besoins élémentaires de sa population. Certains pays y sont déjà.
Au jeu de l’interdépendance entre sa cellule de vie et le système environnant, ces perspectives à peine croyables susciteront au choix la mobilisation générale ou le déni. 

Alors pourquoi rénover ?
Dans ce contexte les raisons ne manquent pas de transformer dès maintenant nos habitations en un espace sobre en énergie :  Limiter ses rejets de CO2, ralentir le changement climatique, renforcer sa résilience et celle du collectif face au choc énergétique, contribuer à rendre ce choc moins violent, faire preuve d’équité vis-à-vis des générations futures en leur laissant de l’énergie fossile, acquérir des compétences utiles dans un monde en sevrage énergétique, faire des économies sur la facture, améliorer le confort (une maison bien isolée est aussi une maison plus confortable), et enfin préserver la valeur de son bien face à la concurrence des constructions neuves au standard BBC.
    Sans forcement se jeter tête baissée dans un projet de rénovation lourde, chacun devrait au moins étudier sérieusement la faisabilité technique et l’intérêt écologique et économique de différents scénarios comparativement au statut quo, lui-même non exempt de coûts. Cette démarche permet de mettre son habitation sur la meilleure route pour l’avenir, en toute connaissance de cause.

Eric MUSCAT

       1) Maison chauffée au gaz - 120 m2 – consommation de 22 000 kWh/an. Gaz: 206 g de CO2/kWh. Voiture émettant 124 g de CO2/Km.
(      2)    Voir les présentations de  2013 de Jean Laherrère sur www.aspofrance.org
(3)    Livre de Philippe Bihouix : Quel futur pour les métaux ?, 2010.